Avantages d'une étude expérimentale de l'ellipse: le cas du gapping dans les langues romanes

Publié le 8 janvier 2018 Mis à jour le 15 mai 2018
le 17 mai 2018
14h-16h
l’amphithéâtre de l’ESPE St Agne
(56 avenue de l’URSS, Metro Ligne B, station Saint-Agne SNCF)

Gabriela Bîlbîie, Université de Bucarest & LLF - Séminaire CLLE-ERSS

Dans la première partie de notre exposé, on présentera les problématiques relatives à l’ellipse en insistant sur la construction appelée gapping (où on coordonne une phrase complète et une phrase elliptique qui compte au moins deux éléments résiduels et où manque le verbe principal). On montrera comment l’étude des langues romanes (p.ex. le français et le roumain, cf. Abeillé, Bîlbîie & Mouret 2014 et Bîlbîie 2017) nous permet de résoudre certains problèmes théoriques (p.ex. les contraintes de parallélisme, les contraintes d’îles, reconstruction syntaxique vs. reconstruction sémantique) tellement discutés dans la littérature en lien avec l’ellipse. Les données empiriques dont on dispose nous amènent plutôt vers une approche constructionnelle (avec une reconstruction sémantique de l’ellipse).

Dans la deuxième partie de notre exposé, on montrera comment une approche expérimentale de l’ellipse peut remettre en question les généralisations faites dans la littérature. On se concentrera sur deux études expérimentales récentes (utilisant les tâches de jugement d’acceptabilité). Une première étude expérimentale (Bîlbîie & de la Fuente 2018) traite du parallélisme syntaxique dans le gapping, en particulier sur le phénomène de prodrop en roumain et en espagnol. Un des résultats majeurs de ces expériences est que le parallélisme structural dans le gapping est beaucoup moins strict que ce qu’on admet généralement. Une deuxième étude expérimentale (Bîlbîie & Garcia-Marchena 2017, Bîlbîie & Abeillé 2018) traite du problème de l’enchâssement de la phrase elliptique dans plusieurs langues romanes (espagnol, français et roumain). Les résultats de ces expériences montrent, d’une part, que le principe appelé The No Embedding Constraint (Johnson 2006, 2009, 2014) n’est pas universel, les langues se comportant différemment même au sein d’une même famille de langues, et d’autre part, que l’enchâssement des fragments en général est régi par des contraintes sémantiques (verbes non-factifs vs. semi-factifs vs. factifs).

Le but général de notre exposé est de montrer que, pour mieux comprendre les contraintes pesant sur les constructions elliptiques à travers les langues, les études purement théoriques devraient être corroborées par des études empiriques (expérimentales et de corpus).