"La catégorisation modale des noms sous-spécifiés"

Publié le 20 juin 2018 Mis à jour le 9 novembre 2018
le 15 novembre 2018
14h - 16h
Université Toulouse - Jean Jaurès
D29

Dominique Legallois (CLESTHIA, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3) - Séminaire CLLE ERSS (14h /16h, salle D29)

            Après avoir rappelé les principales caractéristiques sémantiques et fonctionnelles des noms dits sous-spécifiés (Nss), la communication propose dans un premier temps une discussion portant sur les catégorisations des Nss proposées par la littérature, notamment par  Schmid (2000) et Flowerdew et Forest (2014). Ces catégorisations possèdent une cohérence certaine : elles s’articulent sur des catégories modales (possibilité, vérité, etc.), mais aussi sur d’autres types, comme les catégories cognitive (idée, notion, etc.) et linguistique (rumeur, message, etc.). Dans un second temps, nous examinerons la possibilité d’une classification intégralement modale (Adler et Legallois, 2018), fondée sur les catégories de l’aléthique (fait, évidence, etc.), l’épistémique (sentiment, certitude, etc.), l’appréciatif (l’essentiel, etc.), l’axiologique (courage, honneur, etc.), le boulique (ambition, objectif, etc.) et le déontique (devoir, responsabilité, etc.). Cette classification doit tenir compte de plusieurs facteurs :

-    la fonction discursive de la construction qu’intègre le Nss ; les Nss, en effet, participent à un ensemble de constructions syntaxiques (les constructions spécificationnelles, les constructions à fonction évaluative, etc.). La fonction  de la construction interagit-elle avec la valeur modale du Nss ? 

-    l’intégration des segments gauche des constructions pseudo-clivées, puisqu’il est avéré que les constructions spécificationnelles (donc avec Nss) sont des cas particuliers de constructions pseudo-clivées (« le problème, c’est que P » vs « ce qui est problématique, c’est que P », vs « le plus problématique, c’est que P »). Autrement dit, le segment gauche des pseudo-clivées doit pouvoir être catégorisé, au même titre que les Nss, selon la perspective modale proposée.

Le travail repose sur une analyse en corpus (un ensemble de débats parlementaires) qui prolonge l’analyse proposée dans Adler et Legallois (2018) et permet d’apprécier la distribution des catégories modales des Nss dans la pratique du débat.

 

Adler S. & Legallois D. (2018), « Les noms sous-spécifiés dans le débat parlementaire analyse fréquentielle et catégorisation modale », Langue Française 198, 19-34.

 

APOTHÉLOZ D. (2012), « Pseudo-clivée et constructions apparentées », dans Groupe de Fribourg (éd.), Grammaire de la période, Berne, Peter Lang, 207-232.

FLOWERDEW J. & FOREST R. W. (2015), Signalling Nouns in English: A Corpus-Based Discourse Approach, Cambridge, Cambridge University Press.

GOSSELIN L. (2010), Les modalités en français : la validation des représentations, Amsterdam, Rodopi.

LEGALLOIS D. (2008), « Sur quelques caractéristiques des noms sous-spécifiés », Scolia 23, 109-127.

Roubaud M.-N. (2000). Les constructions pseudo-clivées en français contemporain. Paris : Honoré Champion.

ROZE C. et alii (2014), « Identification des noms sous-spécifiés, signaux de l’organisation discursive », 21e Conférence sur le Traitement Automatique des Langues Naturelles – TALN 2014, Marseille, France, 377-388. [www.aclweb.org/anthology/F14-1033]

SCHMID H.-J. (2000), English Abstract Nouns as Conceptual Shells: From Corpus to Cognition, Berlin/New York, Mouton de Gruyter.