Expression du déplacement en langue des signes française

Publié le 6 décembre 2018 Mis à jour le 7 juin 2019
le 28 mars 2019

Annie Risler, Université de Lille - Séminaire CLLE ERSS (14 h/16 h - Salle E412 MDR UT2J)

 

Première partie : Les classes de verbes de déplacement en LSF

Les signeurs (ceux qui s’expriment en langue des signes) utilisent une seule et mêmemodalité visuo-gestuelle pour formuler les informations de nature verbale et co-verbale. Ils peuvent mêler des structures de figuration gestuelle et des structures verbales,
puisqu’elles sont du même ordre.
Les recherches sur l’expression du déplacement en LS se sont massivement orientées vers l’étude de structures d’abord appelées ‘verbes à classificateurs’, puis ‘depictive verbs of motion’ et enfin ‘depictive constructions’ et transferts situationnels. Ces constructions se situent à la convergence entre la figuration gestuelle d’un déplacement et les verbes de déplacement, puisqu’on trouve une analogie entre la trajectoire exprimée et la trajectoire de la main, ainsi qu’entre la posture ou la forme de l’entité en déplacement et la forme de la main en mouvement. Mais les LS comportent également des verbes de déplacement dits lexicalisés, dont la forme ne varie pas en fonction de l’entité en déplacement. Ils sont utilisés pour parler de ce que fait un animé, et non pour uniquement décrire ce qui est visible.
La présentation de ces différentes catégories de verbes de déplacement en LSF, qui impliquent des constructions syntaxiques distinctes, donnera l’occasion de reposer la question des limites entre figuration et expression linguistique.

Deuxième partie : Composantes gestuelles, lexicales et syntaxiques dans l’expression du déplacement : comment les dissocier ?

L’expression de déplacements peut très typiquement se faire aussi bien par un biais verbal, que gestuel, ou à la fois verbal et gestuel. La modalité gestuelle des LS oblige les linguistes à s’interroger sur la possibilité de dissocier les composantes gestuelles et verbales dans l’expression du déplacement. Or les protocoles utilisés pour recueillir des données dans une perspective typologique amènent le plus souvent le locuteur à s’exprimer après avoir vu un clip vidéo ou une image. En quoi ces stimuli visuels influencent-ils plus spécifiquement la stratégie discursive des signeurs, qu’il s’agisse du recours à la gestualité, des choix lexicaux ou des constructions syntaxiques ? Comment en tenir compte ?
Que peut nous apprendre la comparaison entre la gestualité des parlants et les constructions spatialisées des signeurs ?