Thèse Pauline Vidal

09 juin à 14 h, salle D29 (MDR)

Titre :
Étude du Jugement Ambivalent Associé aux Personnes en Situation de Handicap Intellectuel en Milieu de Travail Ordinaire et de ses Déterminants Idéologiques et Normatifs

Jury :
Odile Rohmer, Professeure, Université de Strasbourg (Rapporteuse)
Patrick Mollaret, Professeur, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis (Rapporteur)
Mickaël Jury, Maître de Conférences, Université Clermont Auvergne (Examinateur)
Julie Lemarié, Professeure, Université Toulouse 2 Jean Jaurès (Examinatrice)
Patrice Terrier, Professeur, Université Toulouse 2 Jean Jaurès, Directeur de Thèse
Stéphane Perrissol, Maître de Conférences, Université Toulouse 2 Jean Jaurès, co Directeur de Thèse

Résumé :
Les difficultés d’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap intellectuel (PSHI) en milieu ordinaire de travail sont en partie liées au jugement ambivalent « forte chaleur/faible compétence » qui leur est associé. Cette thèse cherchait à préciser le contenu de ce jugement ainsi que ses conditions idéologiques et normatives d’expression à l’aide des modèles du jugement social (e.g., Abele et al., 2021). Pour cela, nous avons étudié ce jugement ambivalent en contexte professionnel, en considérant différentes dénominations (handicap intellectuel ou mental, retard mental, trisomie 21) et les sous-dimensions de chaleur et de compétence. Il s’agissait de vérifier, d’une part, que ce jugement articule une valorisation des traits de sociabilité, de moralité et d’effort et une dévalorisation de ceux de capacité et d’assurance. D’autre part, nous avons cherché à montrer que cette ambivalence résulte d’une norme de non-discrimination et du modèle individuel du handicap (légitimant la hiérarchie entre les PSHI et les personnes valides) plutôt que du modèle social (remettant en cause cette hiérarchie).
Comme attendu, les PSHI ont été jugées, indépendamment des dénominations, plus sociables, morales, persévérantes que capables et sûres d’elles. Elles ont aussi été jugées plus capables que sûres d’elles. L’étude du jugement avec une mesure implicite a aussi supporté le rôle de la norme de non-discrimination. Contrairement à nos hypothèses, l’ambivalence est apparue avec les deux modèles du handicap suggérant une faible antonymie entre ces modèles chez les participant.es sans doute due à l’hégémonie du modèle individuel. De plus, sans affecter l’ambivalence, seules la capacité et l’assurance ont varié entre les dénominations et les niveaux d’adhésion aux modèles, probablement en raison de l’importance de la compétence en contexte professionnel ou de l’exclusion de l’effort et de la chaleur comme expressions du validisme. Ces apports sur l’ambivalence du jugement et les facteurs contribuant à son maintien devraient alimenter les formations sur le validisme des professionnel.les du parcours d’insertion des PSHI.

Mots clefs : handicap intellectuel, chaleur, compétence, insertion professionnelle, modèle individuel et modèle social du handicap, mesure implicite, jugement social