L’origine des classes flexionnelles

Publié le 7 décembre 2018 Mis à jour le 28 mai 2019
le 18 avril 2019

Xavier Bach, Oxford University - Séminaire CLLE ERSS (14 h/16 h - Salle E411 MDR UT2J)

Les classes flexionnelles sont des classes de lexèmes qui réalisent des groupes de traits de façon similaire (Aronoff 1994). Ces classes, comme les différentes conjugaisons du français, partitionnent le lexique. On a souvent dit qu'elles apparaissaient en diachronie à cause de changements phonologiques qui créent de l'allomorphie et obscurcissent le rapport entre des formes originellement communes (par exemple Carstairs-MacCarthy 2010). Des classes flexionnelles peuvent cependant apparaître dans les langues à cause d'autres phénomènes, comme la grammaticalisation ou la réanalyse (Dammel 2009 pour les langues germaniques). Dans cette présentation, j'examine tour à tour les différentes origines possibles pour les classes flexionnelles, ajoutant au changement phonologique, à la grammaticalisation et à la réanalyse l'hétéroclise, les strates lexicales en situation de contact de langues, ainsi que deux cas où les classes flexionnelles proviennent de classes existantes ailleurs dans le lexique, les distinctions d'aliénabilité dans les paradigmes possessifs, et le genre grammatical. Les données examinées proviennent de langues autronésiennes, de langues non-austronésiennes de Nouvelle Guinée, de langues australiennes pama-nyungan, de langues Niger-Congo, de langues romanes et germaniques ainsi que de langues pomoennes d'Amérique du Nord.

Dans la deuxième partie de la présentation, je reviens sur la définition des classes flexionnelles et sur les problèmes posés par cette définition. En particulier, se pose la question de savoir si les classes flexionnelles sont des classes de thèmes ou de lexèmes (voir Stump 2016). D'autres problèmes se posent pour les langues qui encodent à la fois l'objet et le sujet sur le verbe: doit-on considérer les classes intransitives comme différentes en nature des classes transitives? Des questions similaires se posent par exemple en Latin pour les verbes transitifs et intransitifs: les verbes transitifs ont un paradigme plus étendu à cause des formes passives, mais leur section active semble correspondre en tous points aux classes des verbes intransitifs.