L’enseignement bi/plurilingue en France : un champ de recherche à re-conceptualiser

Publié le 31 mai 2021 Mis à jour le 13 avril 2022
le 10 juin 2021
15h30/17h30
Séminaire Université Bordeaux Montaigne
Via Zoom
ID de réunion : 848 6697 3861, Code secret : 175334

Christine HELOT (Université de Strasbourg)

Dans cette présentation, j’aborderai le domaine de l’enseignement bilingue en tant que champ de recherche à re-conceptualiser, en France, au delà de celui de la didactique des langues dites étrangères.
J’expliquerai en premier lieu le rôle des politiques linguistiques éducatives dans la façon dont les langues sont catégorisées et comment les dénominations des langues dans le système éducatif français donnent lieu d’une part, à différents modèles d’éducation bilingue et, d’autre part, à ce que certaines langues (les langues dites de la migration par exemple) restent très peu présentes dans ces modèles. Ceci me permettra d’expliquer ensuite, la terminologie utilisée pour décrire différents modèles d’enseignement bilingue (paritaire, immersif, international, EMILE, DNL, etc), dans lesquels l’adjectif bilingue est plus ou moins présent.
Dans une deuxième partie, j’analyserai la façon dont l’enseignement bilingue s’est développé pour répondre aux besoins de différents types d’apprenants, ceux qui sont déjà bilingues en entrant à l’école et qui parlent des langues dominantes, ceux qui sont bilingues mais dans des langues minorisées et dont le bilinguisme est invisibilisé à l’école, ceux qui vivent dans un contexte de revitalisation d’une langue régionale, les enfants sourds, les enfants apprenant dans un contexte post-colonial, et les apprenants monolingues pour lesquels l’école met en place de nouvelles approches didactiques.
Enfin dans ma troisième partie, à l’aune de ce que les chercheurs en éducation bi/plurilingue appelle « le tournant multilingue » au 21ème siècle, je présenterai des recherches récentes qui remettent en cause les dichotomies traditionnelles utilisées pour conceptualiser l’enseignement bilingue, telles que LI/L2, bilinguisme additif/soustractif, et des notions telle que celles de locuteur natif et alternance de codes, afin de proposer 1) une re-conceptualisation de l’enseignement bi/plurilingue basée avant tout sur les pratiques linguistiques des locuteurs plurilingues et 2) une pédagogie translangagière qui vise en premier lieu des objectifs de justice sociale.