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Thèse Cécile ADELINE FERLIN
20/12/2024 à 9 h - D 28 (MDR)
Titre
Jury
Caroline Bogliotti, Maître de conférences, Université Paris Nanterre (rapporteur)
Jacqueline Leybaert, Professeur émérite ULB (rapporteur)
Mathieu Marx, Professeur des universités - praticien hospitalier, CNRS CERCO UMR 5549 (examinateur)
Stéphanie Borel, Maître de conférences, Université Paris Sorbonne (examinateur)
Marie-Line Bosse, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes (examinateur)
Florence Bara, Professeure, Université Toulouse - Jean Jaurès, CLLE (Directrice de thèse)
Christiane Soum-Favaro, Maître de conférences UT2J, LNPL (co Directrice de thèse)
Résumé
De nombreuses études à travers le monde mettent en évidence les difficultés rencontrées par les enfants sourds dans l’apprentissage de la lecture. En France, le dernier rapport du Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale révèle que plus de 40 % des enfants sourds rencontrent des difficultés spécifiques dans cet apprentissage. Ce rapport souligne également les conséquences préoccupantes sur les plans scolaire, psychologique et social. Ainsi, la lecture constitue un enjeu crucial pour la socialisation et l’autonomie des personnes sourdes. Toutefois, l’évaluation de cette compétence reste complexe dans une population aussi diversifiée, en l’absence d’outils adaptés. Chez les enfants entendants, la Conscience Phonologique (CPh) est largement reconnue comme un facteur clé dans l’identification des mots écrits. Un autre prérequis, appelé Empan Visuo-Attentionnel (EVA), est plus marginalement évoqué par certains chercheurs, qui l’associent à la formation des représentations orthographiques et à la reconnaissance des mots. S'inspirant des modèles de lecture entendants, le développement de la lecture chez les enfants sourds a été principalement examiné à travers l’hypothèse phonologique. Cependant, cette hypothèse fait l'objet de débats, en raison de l'accès limité à la phonologie chez les enfants sourds et de l’opacité du français. Parmi les approches alternatives étudiées, l’hypothèse visuelle a révélé des stratégies particulières chez les adultes sourds signants, bons lecteurs, qui ne bénéficient pas de récupération auditive (e.g. large empan perceptif et la lecture par mots-clés). Par ailleurs, des études récentes ont mis en lumière des compétences orthographiques spécifiques chez les enfants sourds, qu’ils utilisent la langue vocale avec implants cochléaires ou la langue des signes. À ce jour, aucune étude n’a examiné précisément le rôle de l’EVA dans l’identification des mots isolés chez les enfants sourds. Notre étude vise donc à vérifier l’hypothèse selon laquelle les bons lecteurs sourds compensent leur déficit en CPh par un recours à l’EVA. Pour cette raison, nous avons exploré le poids respectif de la CPh et de l’EVA sur l’identification des mots écrits à l’aide d’une batterie de tests originaux portant sur la détection de rimes à l’aide d’images, le traitement simultané de chaînes de consonnes (via le logiciel EVADYS) et l’identification de mots en tâche de décision orthographique (avec distracteurs phonologiques et visuo-orthographiques). 51 enfants sourds profonds âgés de 8 à 12 ans (du CE2 au CM2), répartis selon leur niveau de lecture (lecteurs faibles ou compétents) et leur profil linguistique (oralisants ou signants), ont été comparés à un groupe témoin entendant de 42 enfants. Nos résultats montrent que la CPh n’a pas d’effet significatif sur l’identification des mots chez les enfants entendants ou chez les sourds signants, mais pour des raisons différentes : les enfants entendants atteignent des scores plafonds, tandis que les enfants sourds signants obtiennent des scores planchers sur cette tâche. En revanche, chez les enfants sourds oralisants, la CPh joue un rôle important, médiatisé par la lecture labiale. L’EVA, quant à lui, influence l’identification des mots dans les trois groupes. Chez les lecteurs habiles (n=3 signants, 16 oralisants et 25 entendants), une grande variabilité des scores de CPh et d’EVA est observée, mais deux sous-groupes principaux émergent : l’un avec des scores élevés à la fois en CPh et en EVA, et l’autre (composé des 3 signants, 5 oralisants et 2 entendants) avec des scores faibles en CPh mais élevés en EVA. Ce travail suggère qu’une partie de la variabilité dans l’apprentissage de la lecture s’explique par l’EVA, et que certains enfants sourds réussissent à devenir de bons lecteurs sans recourir à la conscience phonologique. Ces résultats ouvrent des perspectives en recherche appliquée, en vue de développer des tests spécifiques pour mieux évaluer la population sourde.
Titre
Rôle des compétences phonologiques et de l’Empan Visuo- Attentionnel sur l’identification de mots en cas de surdité : comparaison d’enfants sourds hétérogènes à un groupe témoin entendant.
Jury
Caroline Bogliotti, Maître de conférences, Université Paris Nanterre (rapporteur)
Jacqueline Leybaert, Professeur émérite ULB (rapporteur)
Mathieu Marx, Professeur des universités - praticien hospitalier, CNRS CERCO UMR 5549 (examinateur)
Stéphanie Borel, Maître de conférences, Université Paris Sorbonne (examinateur)
Marie-Line Bosse, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes (examinateur)
Florence Bara, Professeure, Université Toulouse - Jean Jaurès, CLLE (Directrice de thèse)
Christiane Soum-Favaro, Maître de conférences UT2J, LNPL (co Directrice de thèse)
Résumé
De nombreuses études à travers le monde mettent en évidence les difficultés rencontrées par les enfants sourds dans l’apprentissage de la lecture. En France, le dernier rapport du Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale révèle que plus de 40 % des enfants sourds rencontrent des difficultés spécifiques dans cet apprentissage. Ce rapport souligne également les conséquences préoccupantes sur les plans scolaire, psychologique et social. Ainsi, la lecture constitue un enjeu crucial pour la socialisation et l’autonomie des personnes sourdes. Toutefois, l’évaluation de cette compétence reste complexe dans une population aussi diversifiée, en l’absence d’outils adaptés. Chez les enfants entendants, la Conscience Phonologique (CPh) est largement reconnue comme un facteur clé dans l’identification des mots écrits. Un autre prérequis, appelé Empan Visuo-Attentionnel (EVA), est plus marginalement évoqué par certains chercheurs, qui l’associent à la formation des représentations orthographiques et à la reconnaissance des mots. S'inspirant des modèles de lecture entendants, le développement de la lecture chez les enfants sourds a été principalement examiné à travers l’hypothèse phonologique. Cependant, cette hypothèse fait l'objet de débats, en raison de l'accès limité à la phonologie chez les enfants sourds et de l’opacité du français. Parmi les approches alternatives étudiées, l’hypothèse visuelle a révélé des stratégies particulières chez les adultes sourds signants, bons lecteurs, qui ne bénéficient pas de récupération auditive (e.g. large empan perceptif et la lecture par mots-clés). Par ailleurs, des études récentes ont mis en lumière des compétences orthographiques spécifiques chez les enfants sourds, qu’ils utilisent la langue vocale avec implants cochléaires ou la langue des signes. À ce jour, aucune étude n’a examiné précisément le rôle de l’EVA dans l’identification des mots isolés chez les enfants sourds. Notre étude vise donc à vérifier l’hypothèse selon laquelle les bons lecteurs sourds compensent leur déficit en CPh par un recours à l’EVA. Pour cette raison, nous avons exploré le poids respectif de la CPh et de l’EVA sur l’identification des mots écrits à l’aide d’une batterie de tests originaux portant sur la détection de rimes à l’aide d’images, le traitement simultané de chaînes de consonnes (via le logiciel EVADYS) et l’identification de mots en tâche de décision orthographique (avec distracteurs phonologiques et visuo-orthographiques). 51 enfants sourds profonds âgés de 8 à 12 ans (du CE2 au CM2), répartis selon leur niveau de lecture (lecteurs faibles ou compétents) et leur profil linguistique (oralisants ou signants), ont été comparés à un groupe témoin entendant de 42 enfants. Nos résultats montrent que la CPh n’a pas d’effet significatif sur l’identification des mots chez les enfants entendants ou chez les sourds signants, mais pour des raisons différentes : les enfants entendants atteignent des scores plafonds, tandis que les enfants sourds signants obtiennent des scores planchers sur cette tâche. En revanche, chez les enfants sourds oralisants, la CPh joue un rôle important, médiatisé par la lecture labiale. L’EVA, quant à lui, influence l’identification des mots dans les trois groupes. Chez les lecteurs habiles (n=3 signants, 16 oralisants et 25 entendants), une grande variabilité des scores de CPh et d’EVA est observée, mais deux sous-groupes principaux émergent : l’un avec des scores élevés à la fois en CPh et en EVA, et l’autre (composé des 3 signants, 5 oralisants et 2 entendants) avec des scores faibles en CPh mais élevés en EVA. Ce travail suggère qu’une partie de la variabilité dans l’apprentissage de la lecture s’explique par l’EVA, et que certains enfants sourds réussissent à devenir de bons lecteurs sans recourir à la conscience phonologique. Ces résultats ouvrent des perspectives en recherche appliquée, en vue de développer des tests spécifiques pour mieux évaluer la population sourde.