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Thèse Diane Sicre
27/11/2025 à 13h30, salle Chaumel - INSPE St Agne 56 avenue de l'URSS 31400 Toulouse
Titre
Jury
Résumé
Dans le système éducatif français, le passage anticipé (appelé également saut de classe ou raccourcissement de cycle) est l’une des manières d’accélérer la scolarité d’un élève, c’est-à-dire de réduire la durée de son parcours scolaire. Cette décision est prise au sein de l’établissement par les équipes, et s’appuie généralement sur les performances scolaires de l’élève plutôt que sur un protocole d’identification standardisé, ce qui se traduit par des pratiques hétérogènes selon les contextes. À l’international, cette pratique est souvent considérée comme une réponse adaptée aux besoins des élèves identifiés comme gifted/talented. Ce décalage dans la mise en oeuvre de l’accélération rend les résultats internationaux difficilement transposables au contexte français et conduit à interroger, au-delà des performances, ce qui caractérise effectivement les élèves en avance. Cette thèse a pour objectif d’examiner si les élèves en avance présentent des caractéristiques motivationnelles, affectives et d’autorégulation qui les distinguent de leurs pairs. Deux études complémentaires ont été conduites. La première étude compare les élèves en avance à des pairs de même âge et à des pairs de même classe (N = 283 ; CM1 à l’heure, CM2 à l’heure, CM2 en avance). Elle examine trois dimensions motivationnelles (sentiment d’efficacité personnelle ou SEP, intérêt académique, buts d’accomplissement) et trois dimensions affectives (anxiété dispositionnelle, satisfaction de vie, disposition à l’ennui), ainsi que trois indicateurs de performance académique (français, mathématiques, compréhension écrite). Les résultats montrent que les CM2 en avance obtiennent des scores supérieurs en français (vs CM1 et CM2) et en mathématiques (vs CM1), sans différence en compréhension écrite ; ils présentent un SEP scolaire plus élevé que les CM1 et les CM2 à l’heure, tandis que les buts de maîtrise-évitement (BME) sont plus élevés chez l’ensemble des CM2 (à l’heure et en avance) que chez les CM1 ; aucune différence n’apparaît sur les variables affectives. Les différences observées concernent principalement les performances et certaines dimensions motivationnelles. La seconde étude vise à rechercher d’éventuelles différences de stratégies d’apprentissage autorégulé (SAAR) non mises en évidence dans la première étude. Pour cela, nous avons constitué trois groupes comparables au plan des performances mais d’âges et de niveaux de classe différents (CM1 performants, CM2 moyens, CM2 en avance ; N = 12 par groupe). Des différences significatives apparaissent entre les groupes pour deux mesures : un SEP scolaire plus élevé chez les CM2 en avance que chez les CM1 performants, et des BME plus élevés chez les CM2 en avance que chez les CM2 moyens ; aucune autre différence significative n’est observée, ni pour les autres dimensions motivationnelles, ni pour les variables affectives, ni pour les SAAR. Ces résultats indiquent que, dans notre échantillon, le passage anticipé est d’abord associé au niveau de performance scolaire des élèves, plutôt qu’à des caractéristiques motivationnelles, affectives ou d’autorégulation qui distingueraient les élèves en avance des autres. Le passage anticipé peut ainsi être compris comme une resynchronisation, qui place l’élève avec des pairs plus âgés dans un contexte scolaire correspondant davantage à son rythme d’apprentissage. Sur le plan des pratiques professionnelles, l’harmonisation des critères de décision permettrait de limiter l’hétérogénéité des pratiques et de mieux en cerner les implications. Cependant, les limites de ces études, à savoir la rareté de la population des élèves en avance, les effectifs réduits, ainsi que le recours à des versions adaptées d’outils dont la validité n’a pas été testée, invitent à une interprétation prudente.
Titre
Caractéristiques affectivo-motivationnelles et stratégies d’apprentissage autorégulé des élèves performants ou en avance
Jury
Minna PUUSTINEN, Professeure des universités, INSEI (rapporteur) Fabien FENOUILLET, Professeur des universités, Université Paris Nanterre (rapporteur) André TRICOT, Professeur des universités, Université Montpellier 3 (examinateur) Pascal PANSU, Professeur des universités, Université Grenoble Alpes (examinateur) Nathalie HUET, Professeure des universités, Université Toulouse - Jean Jaurès, CLLE (Directrice de thèse) Florence BARA, Professeure des universités, Université Toulouse - Jean Jaurès, CLLE (co Directrice de thèse) |
Dans le système éducatif français, le passage anticipé (appelé également saut de classe ou raccourcissement de cycle) est l’une des manières d’accélérer la scolarité d’un élève, c’est-à-dire de réduire la durée de son parcours scolaire. Cette décision est prise au sein de l’établissement par les équipes, et s’appuie généralement sur les performances scolaires de l’élève plutôt que sur un protocole d’identification standardisé, ce qui se traduit par des pratiques hétérogènes selon les contextes. À l’international, cette pratique est souvent considérée comme une réponse adaptée aux besoins des élèves identifiés comme gifted/talented. Ce décalage dans la mise en oeuvre de l’accélération rend les résultats internationaux difficilement transposables au contexte français et conduit à interroger, au-delà des performances, ce qui caractérise effectivement les élèves en avance. Cette thèse a pour objectif d’examiner si les élèves en avance présentent des caractéristiques motivationnelles, affectives et d’autorégulation qui les distinguent de leurs pairs. Deux études complémentaires ont été conduites. La première étude compare les élèves en avance à des pairs de même âge et à des pairs de même classe (N = 283 ; CM1 à l’heure, CM2 à l’heure, CM2 en avance). Elle examine trois dimensions motivationnelles (sentiment d’efficacité personnelle ou SEP, intérêt académique, buts d’accomplissement) et trois dimensions affectives (anxiété dispositionnelle, satisfaction de vie, disposition à l’ennui), ainsi que trois indicateurs de performance académique (français, mathématiques, compréhension écrite). Les résultats montrent que les CM2 en avance obtiennent des scores supérieurs en français (vs CM1 et CM2) et en mathématiques (vs CM1), sans différence en compréhension écrite ; ils présentent un SEP scolaire plus élevé que les CM1 et les CM2 à l’heure, tandis que les buts de maîtrise-évitement (BME) sont plus élevés chez l’ensemble des CM2 (à l’heure et en avance) que chez les CM1 ; aucune différence n’apparaît sur les variables affectives. Les différences observées concernent principalement les performances et certaines dimensions motivationnelles. La seconde étude vise à rechercher d’éventuelles différences de stratégies d’apprentissage autorégulé (SAAR) non mises en évidence dans la première étude. Pour cela, nous avons constitué trois groupes comparables au plan des performances mais d’âges et de niveaux de classe différents (CM1 performants, CM2 moyens, CM2 en avance ; N = 12 par groupe). Des différences significatives apparaissent entre les groupes pour deux mesures : un SEP scolaire plus élevé chez les CM2 en avance que chez les CM1 performants, et des BME plus élevés chez les CM2 en avance que chez les CM2 moyens ; aucune autre différence significative n’est observée, ni pour les autres dimensions motivationnelles, ni pour les variables affectives, ni pour les SAAR. Ces résultats indiquent que, dans notre échantillon, le passage anticipé est d’abord associé au niveau de performance scolaire des élèves, plutôt qu’à des caractéristiques motivationnelles, affectives ou d’autorégulation qui distingueraient les élèves en avance des autres. Le passage anticipé peut ainsi être compris comme une resynchronisation, qui place l’élève avec des pairs plus âgés dans un contexte scolaire correspondant davantage à son rythme d’apprentissage. Sur le plan des pratiques professionnelles, l’harmonisation des critères de décision permettrait de limiter l’hétérogénéité des pratiques et de mieux en cerner les implications. Cependant, les limites de ces études, à savoir la rareté de la population des élèves en avance, les effectifs réduits, ainsi que le recours à des versions adaptées d’outils dont la validité n’a pas été testée, invitent à une interprétation prudente.