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Thèse FACCA Léo
24 mars 2023 - 14 h, amphithéâtre INSPE St Agne (56 Av. de l'U.R.S.S., 31400 Toulouse)
Titre
Est-ce vraiment « juste une blague » ? Effet du groupe ciblé, des préjugés et de l’adhésion aux stéréotypes sur la perception de l’humour de dénigrement : une approche expérimentale
Jury
Sabine DE BOSSCHER, Professeure des universités, Université de Lille (Rapporteur)
Thierry MEYER , Professeur des universités, Université Paris-Nanterre (Rapporteur)
Nelly QUEMENER , Maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 (Examinateur)
Nathalie BLANC, Professeur des universités, Université Paul-Valéry Montpellier 3 (Examinateur)
Patrice TERRIER, Professeur des universités, Laboratoire CLLE, UT2J (Directeur de thèse)
Stéphane PERRISSOL, Maître de conférences, Laboratoire CLLE, UT2J (co Directeur de thèse)
Résumé
L’humour de dénigrement (e.g., humours raciste, sexiste) est une forme de communication destinée à faire rire ou sourire qui rabaisse, dénigre ou diffame une cible donnée (Ford & Ferguson, 2004) en se basant majoritairement sur les stéréotypes pour faire rire (Mallett et al., 2016). Naturellement ambivalente, cette forme d’humour communique un message de dénigrement explicite associé à un message implicite qui suggère que ce message doit être pris d’une manière légère (Ford et al., 2017). Si elle peut permettre de remettre en cause le statu quo ou de souligner l’absurdité des stéréotypes et préjugés (Miller et al., 2019), ses effets sont majoritairement négatifs. Elle véhicule et renforce les stéréotypes et favorise l’expression des préjugés (Ford & Ferguson, 2004), contribue à la tolérance envers la discrimination (Ford et al., 2014) et augmente les comportements discriminatoires (Thomae & Viki, 2013). Il semblerait que ces effets soient avérés uniquement sur des groupes envers lesquels l'acceptabilité sociale de l'expression des préjugés est ambivalente (i.e., appartenant à la fenêtre normative des préjugés ; Mendiburo-Seguel & Ford, 2019) et qu’ils diffèrent en fonction de la perception de cet humour (Saucier et al., 2019). Pourtant, les potentielles différences de perception de l’humour dénigrant des groupes en fonction de leur appartenance à la fenêtre normative n’ont jamais été investiguées. À travers sept expériences (Ntotal = 1437), cette thèse vise à étudier les effets de l’appartenance du groupe ciblé à la fenêtre normative des préjugés, des préjugés et de l'adhésion aux stéréotypes sur la perception de l'humour de dénigrement. Sa contribution est double : elle se situe à la fois sur le plan de l’amélioration méthodologique de l’étude de l’humour de dénigrement (nouveautés méthodologiques et statistiques afin de renforcer les validités interne et externe) et à l’exploration d’hypothèses nouvelles (effet de la cible de l’humour). Dans la première partie empirique, nous avons comparé la perception de mêmes matériels humoristiques dénigrants sur le stéréotype commun de malhonnêteté partagés par deux groupes, un appartenant à la fenêtre normative des préjugés (personnes d’origine maghrébine) et le second n’y appartenant pas (hommes politiques). La seconde partie empirique reprend le même principe sur l’humour sexiste. Le recours au stéréotype de stupidité partagé à la fois par les hommes (en dehors de la fenêtre normative des préjugés) et les femmes (dans la fenêtre) permettait ainsi de reproduire le même paradigme pour deux autres groupes et, notamment, de tester l’effet de l’appartenance groupale. Une autre originalité de ce travail est le recours à des mesures indirectes (SC-IAT-P, Bardin et al., 2014, partie 1) et directes (i.e., questionnaires, parties 1 et 2) pour tester l’effet des préjugés sur la perception de l’humour de dénigrement. Ce travail suggère que, plus que le matériel humoristique utilisé ou l’appartenance groupale, le groupe dénigré est un facteur prépondérant de la perception de l’humour de dénigrement. En amont, plus les individus ont des préjugés négatifs et adhèrent aux stéréotypes à l’égard de la cible, plus ils ont tendance à apprécier, à juger socialement acceptable et à évaluer comme moins offensante cette forme d’humour. Ce travail fournit ainsi une illustration supplémentaire que l’humour sexiste ou raciste n’est jamais « juste une blague ». Les résultats seront discutés en termes de perspectives visant, d'une part à établir dans quelle mesure le contexte et la source modulent l’effet et, d’autre part, dans des perspectives plus concrètes visant à avoir recours à l’humour de dénigrement afin de réduire les préjugés et stéréotypes. Ces éléments sont d’autant plus importants que cette forme l’humour est perçue aujourd’hui comme une manifestation des préjugés largement tolérée et répandue (Haut conseil de l’égalité entre les hommes et les femmes, 2019).
Titre
Est-ce vraiment « juste une blague » ? Effet du groupe ciblé, des préjugés et de l’adhésion aux stéréotypes sur la perception de l’humour de dénigrement : une approche expérimentale
Jury
Sabine DE BOSSCHER, Professeure des universités, Université de Lille (Rapporteur)
Thierry MEYER , Professeur des universités, Université Paris-Nanterre (Rapporteur)
Nelly QUEMENER , Maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 (Examinateur)
Nathalie BLANC, Professeur des universités, Université Paul-Valéry Montpellier 3 (Examinateur)
Patrice TERRIER, Professeur des universités, Laboratoire CLLE, UT2J (Directeur de thèse)
Stéphane PERRISSOL, Maître de conférences, Laboratoire CLLE, UT2J (co Directeur de thèse)
Résumé
L’humour de dénigrement (e.g., humours raciste, sexiste) est une forme de communication destinée à faire rire ou sourire qui rabaisse, dénigre ou diffame une cible donnée (Ford & Ferguson, 2004) en se basant majoritairement sur les stéréotypes pour faire rire (Mallett et al., 2016). Naturellement ambivalente, cette forme d’humour communique un message de dénigrement explicite associé à un message implicite qui suggère que ce message doit être pris d’une manière légère (Ford et al., 2017). Si elle peut permettre de remettre en cause le statu quo ou de souligner l’absurdité des stéréotypes et préjugés (Miller et al., 2019), ses effets sont majoritairement négatifs. Elle véhicule et renforce les stéréotypes et favorise l’expression des préjugés (Ford & Ferguson, 2004), contribue à la tolérance envers la discrimination (Ford et al., 2014) et augmente les comportements discriminatoires (Thomae & Viki, 2013). Il semblerait que ces effets soient avérés uniquement sur des groupes envers lesquels l'acceptabilité sociale de l'expression des préjugés est ambivalente (i.e., appartenant à la fenêtre normative des préjugés ; Mendiburo-Seguel & Ford, 2019) et qu’ils diffèrent en fonction de la perception de cet humour (Saucier et al., 2019). Pourtant, les potentielles différences de perception de l’humour dénigrant des groupes en fonction de leur appartenance à la fenêtre normative n’ont jamais été investiguées. À travers sept expériences (Ntotal = 1437), cette thèse vise à étudier les effets de l’appartenance du groupe ciblé à la fenêtre normative des préjugés, des préjugés et de l'adhésion aux stéréotypes sur la perception de l'humour de dénigrement. Sa contribution est double : elle se situe à la fois sur le plan de l’amélioration méthodologique de l’étude de l’humour de dénigrement (nouveautés méthodologiques et statistiques afin de renforcer les validités interne et externe) et à l’exploration d’hypothèses nouvelles (effet de la cible de l’humour). Dans la première partie empirique, nous avons comparé la perception de mêmes matériels humoristiques dénigrants sur le stéréotype commun de malhonnêteté partagés par deux groupes, un appartenant à la fenêtre normative des préjugés (personnes d’origine maghrébine) et le second n’y appartenant pas (hommes politiques). La seconde partie empirique reprend le même principe sur l’humour sexiste. Le recours au stéréotype de stupidité partagé à la fois par les hommes (en dehors de la fenêtre normative des préjugés) et les femmes (dans la fenêtre) permettait ainsi de reproduire le même paradigme pour deux autres groupes et, notamment, de tester l’effet de l’appartenance groupale. Une autre originalité de ce travail est le recours à des mesures indirectes (SC-IAT-P, Bardin et al., 2014, partie 1) et directes (i.e., questionnaires, parties 1 et 2) pour tester l’effet des préjugés sur la perception de l’humour de dénigrement. Ce travail suggère que, plus que le matériel humoristique utilisé ou l’appartenance groupale, le groupe dénigré est un facteur prépondérant de la perception de l’humour de dénigrement. En amont, plus les individus ont des préjugés négatifs et adhèrent aux stéréotypes à l’égard de la cible, plus ils ont tendance à apprécier, à juger socialement acceptable et à évaluer comme moins offensante cette forme d’humour. Ce travail fournit ainsi une illustration supplémentaire que l’humour sexiste ou raciste n’est jamais « juste une blague ». Les résultats seront discutés en termes de perspectives visant, d'une part à établir dans quelle mesure le contexte et la source modulent l’effet et, d’autre part, dans des perspectives plus concrètes visant à avoir recours à l’humour de dénigrement afin de réduire les préjugés et stéréotypes. Ces éléments sont d’autant plus importants que cette forme l’humour est perçue aujourd’hui comme une manifestation des préjugés largement tolérée et répandue (Haut conseil de l’égalité entre les hommes et les femmes, 2019).