Thèse Maillet Frédéric

16/01/2024 - 14 h, salle D29 (MDR)

Titre
Structures et processus du traitement cognitif de la signalisation textuelle

Jury
Jean-François ROUET,  Directeur de recherche, Université de Poitiers (Rapporteur)
Nathalie BLANC, Professeure des universités, Université Paul-Valéry Montpellier 3 (Rapporteur)
Thierry BACCINO, Professeur des universités retraité (Université Paris 8) (Examinateur)
Patrice TERRIER, Professeur des universités, Université Toulouse II Jean Jaurès (Examinateur)
Julie LEMARIE, Professeur des universités, Laboratoire CLLE, Université Toulouse II Jean Jaurès, (Directrice de thèse)

Résumé
L’aspect visuel d’une page est rarement homogène : les titres et sous-titres, l’indentation des paragraphes, les listes, les mots soulignés ou en italique, etc., reflètent l’intention de l’auteur d’accompagner le lecteur dans sa compréhension. Ces dispositifs de mise en forme du texte sont autant de signaux que l’auteur entend envoyer à son lecteur. Dans l’histoire récente de la production écrite, nous avons assisté à l’évolution de cette notion pragmatique, cette mise en forme du texte que nous venons d’évoquer, vers sa conceptualisation sémiotique, la signalisation textuelle, qui distingue deux composantes : un signifiant, la mise en forme du texte, réalisation du signal, et un signifié, les éléments métatextuels, la macrostructure. Ce cadre conceptuel autorise l’appréhension de deux formes souvent intriquées de réalisation de cette signalisation. Une réalisation discursive, qui exprime textuellement les éléments métatextuels, comme dans « Notre argumentation repose sur trois points. Le premier,… », et une réalisation qui mobilise des dispositifs de mise en forme et de disposition typographique des éléments textuels sur la page, une réalisation typo-dispositionnelle. Souvent intriqués, car un titre par exemple est bien un élément discursif, typographiquement autant que dispositionnellement distingué sur la page. Au-delà du prisme consistant à apprécier l’intérêt de la signalisation par l’effet qu’elle produit, nous nous intéressons ici à cette réalisation typo-dispositionnelle de la signalisation textuelle, car elle mobilise une sémiotique graphique qui diffère de la sémiotique textuelle. Dès lors, la question de son traitement cognitif reste incertaine et largement ignorée dans la littérature et fait l’objet de ce travail de recherche avec une idée assez simple : si l’écrit a évolué pour exploiter des propriétés de mise en forme particulières, tant typographiques que dispositionnelles, c’est sans doute parce que son traitement cognitif doit mobiliser des ressources visuelles et spatiales au côté des composantes linguistiques, en leur trouvant un intérêt qui conduit à améliorer la compréhension du texte lu. Dans ce contexte, ce travail de recherche aborde plusieurs points essentiels. D’un point de vue théorique, il précise le cadre qui permet de penser l’expression d’éléments métatextuels dans une modalité qui n’est pas supportée par une sémiotique textuelle, pour ensuite expliciter les processus visuels cognitifs susceptibles de donner du sens à cette réalisation typo-dispositionnelle. D’un point de vue pragmatique, il confirme le bénéfice, pour la compréhension, d’une signalisation textuelle, discursive autant que typo-dispositionelle, et témoigne pour le traitement de cette dernière, de l’implication de la composante visuospatiale de la mémoire de travail. Enfin, tirant les conséquences de cette répartition de la charge cognitive, il souligne la compétition pour les ressources disponibles entre le traitement de cette signalisation et du contenu textuel, lorsque celui-ci tend à mobiliser des représentations imagées.