Thèse Malvina Brunet

7 décembre 2022 - 15 h (D29)

Titre : Contact social, préjugé, variabilité intra-groupe, et le Biais de Reconnaissance Endogroupe

Jury :
Graham PIKE, Professor, The Open University, UK, Professeur des universités, Université Rennes 2 (Rapporteur)
Christian MEISSNER, Professor, Iowa State University, Maîtresse de conférences, Université Paris Nanterre (Rapporteur)
Maja BECKER, Maîtresse de conférences, Université Toulouse Jean Jaurès (Examinatrice)
Annelies VREDEVELDT, Associate Professor, Vrije Universiteit Amsterdam Faculty of Law (Examinatrice)
Jacques PY, Professeur des universités, Université Toulouse II Jean Jaurès (Directeur de thèse)
Colin TREDOUX, Professor, University of Cape Town, SA (co Directeur de thèse)

Résumé :
Le biais de reconnaissance endogroupe (BRE) est un phénomène robuste qui se définit par une meilleure capacité de reconnaissance des individus de son propre groupe ethnique par rapport aux autres groupes. Un certain nombre de chercheurs s'accordent à considérer que ce biais est fonction du contact perceptif et social. L'objectif de cette thèse était d’investiguer cette fonction du contact, notamment dans sa dimension sociale, et de comprendre plus largement comment un ensemble de composantes sociales et cognitives peuvent agir sur la reconnaissance des visages. Ce travail s'est appuyé sur deux approches principales. La première consistait à évaluer les effets des composantes sociales et cognitives sur la capacité des observateurs européens à reconnaître les visages des Européens et des Nord-Africains. Plus précisément, j'ai étudié les modes de contact, les préjugés, l'anxiété d'interaction et les stratégies visuelles dans le contexte du BRE. À cette fin, j'ai d'abord créé et testé des échelles pour mesurer les aspects du contact social et les préjugés envers les individus nord-africains. L'échelle de contact social portait sur trois sous-composantes majeures du contact, dont l'évitement du contact. L'échelle de préjugés contenait deux composantes attitudinales, avec des items évaluant les préjugés ethniques et les états affectifs. Ensuite, j'ai mis en place un protocole expérimental utilisant un eye-tracker et des mesures physiologiques pour évaluer l'impact de différentes composantes telles que le contact, l'anxiété intergroupe, les stratégies visuelles et les préjugés sur la reconnaissance des visages. L'objectif principal de cette première partie de la thèse était de déterminer les multiples effets interdépendants entre les éléments cognitifs et sociaux sur les capacités de reconnaissance des visages intergroupes. Les résultats du protocole expérimental ont confirmé l'existence d'un BRE chez les participants européens envers les individus nord-africains ; cependant l'impact des variables sociales sur la reconnaissance des visages n'a pas été concluant. En revanche, l'étude des stratégies visuelles a montré des résultats plus clairs. Dans une deuxième partie de ma thèse, j'ai abordé la notion de variabilité intra-groupe et la manière dont cette composante peut être intégrée aux différents éléments mentionnés ci-dessus. Tout d'abord, j'ai effectué une revue systématique de la notion de " biais de phénotypicalité ", qui est définie comme l'activation de préjugés basée sur la perception de la typicité d'une ethnie. Cette revue a mis en évidence un ensemble de travaux sous-développés qui remettent en cause la conception du groupe ethnique comme une entité homogène. Dans un second temps, j'ai testé un ensemble de protocoles sur la représentation et la perception de la variabilité intra-groupe pour des stimuli issus de groupes africains, européens et nord-africains. Ce travail m'a permis de mettre en évidence des éléments perçus comme typiques d'un groupe donné et de créer et valider un matériel photographique standardisé avec différents niveaux de variabilité phénotypique. Enfin, j'ai manipulé cette variabilité phénotypique dans un dernier protocole expérimental de reconnaissance des visages afin d'évaluer son impact sur le BRE. Les résultats de cette dernière étude confirment également un BRE pour les stimuli africains et nord-africains dans une population européenne. L'impact de la variabilité intra-groupe sur la reconnaissance était relativement clair, en particulier pour les visages d'autres groupes ethniques.